- joual
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• 1960; parler joual adv. « parler mal, de manière relâchée » av. 1920 (d'apr. A. Laurendeau); prononc. pop. de cheval dans certaines régions du Québec et d'ailleurs♦ Mot utilisé au Québec pour désigner globalement les écarts (phonétiques, lexicaux, syntaxiques; anglicismes) du français populaire canadien, soit pour les stigmatiser, soit pour en faire un symbole d'identité (cf. Franco-canadien, québécois). Des jouals. Parler joual ou JOUALISER v. intr. <conjug. : 1> . Personne qui joualise ou JOUALISANT, ANTE adj. et n. — Adj. JOUAL , JOUALE (parfois inv. en genre) « La langue jouale » (J.-P. Desbiens). « La grammaire joual » (R. Ducharme).joual, ale, auxn. m. et adj. (et adv.) Péjor.d1./d n. m. Le joual: la variété de français québécois parlée par les classes populaires. Un roman écrit en joual.d2./d adj. Relatif au joual. La langue jouale.|| adv. Parler, écrire joual.Encycl. Le mot joual (var. de cheval), attesté dès les années 1930 dans l'expression parler joual, "parler mal", s'est répandu à la suite de la publication des Insolences du Frère Untel (1960) de Jean-Paul Desbiens (né en 1929). Le mot a d'abord désigné le parler des classes défavorisées, pour en stigmatiser les prononciations déformées et les emprunts à l'anglais, puis le français québécois lui-même, comme variété jugée inférieure au français de France. Dans les années 1960 et 1970, des écrivains, dits joualisants, ont exploité les traits de langue ainsi décriés et ont suscité un débat passionné sur le statut du français au Québec, son originalité et sa légitimité.⇒JOUAL, subst. masc.Parler populaire des Canadiens francophones. Parler joual. Pour qualifier le langage incorrect qui est trop souvent le nôtre, de bas en haut de l'échelle sociale, un quidam a lancé un jour, aux applaudissements des illettrés, le mot joual (AC. CAN.-FR. 1968). Renaud faisait parler ses personnages en joual mais écrivait le corps de son récit en français. Cela n'est pas assez pour Jasmin qui non seulement laisse joualiser ses héros, ce qui est défendable, mais écrit tout son récit en joual (C. JASMIN, Jasmin par Jasmin, 1970, p. 102 ds Richesses et particularités de la lang. écrite au Québec, Montréal, 1981, p. 1407) :• Le « joual » est une sous-langue : il est, par nature, confusion, appauvrissement, privation, désagrégation. Le « joual », c'est le français parlé par un groupe linguistique dont la langue maternelle est gravement ébranlée par la proximité et la pression d'une langue étrangère, l'anglais. (...) le « joual », c'est le français ébranlé non seulement dans son articulation et son vocabulaire mais aussi, mais surtout dans sa syntaxe.P. CHAMBERLAND, Les Lettres nouvelles, 1967 ds R. HOLLIER, Canada, Paris, Éd. du Seuil, 1967, p. 183.REM. 1. Joualisant, -ante, adj. Qui parle joual, écrit en joual ou préconise l'usage du joual. [Le] parti québécois, qui est le parti de tous les Québécois, anglophones, francophones, joualisants (A. BROCHU, Adéodat I, 1973, p. 98, ds R. HOLLIER, Canada, Paris, Éd. du Seuil, 1967, p. 183). 2. Joualiser, verbe intrans. Parler joual. Voir C. JASMIN, loc. cit.Prononc. : [
]. Homon. joualle. Étymol. et Hist. 1930 (Le Coglu, 14 février, p. 7, 4e et 5e col. Québec : y parle joual, celui-là). Prononc. région. de cheval (cf. FEW t. 2, p. 8b, Chr. SCHMIDT ds Z. rom. Philol. t. 91, p. 326) caractéristique du parler pop. du Québec, d'où l'emploi du terme pour désigner ce parler. Bbg. BARBEAU (V.). Le Fr. au Canada. Québec, 1970, p. 210.
joual [ʒwal] n. m.ÉTYM. 1960; parler joual, adv. « parler mal, de manière relâchée », av. 1920 (d'après A. Laurendeau); attesté 1930 (T. L. F.); prononciation populaire de cheval d'où choval, joual [ʃwal; ʒwal] dans certaines régions du Québec et ailleurs.❖♦ Mot utilisé au Québec pour désigner globalement les écarts (phonétiques, lexicaux, syntaxiques; anglicismes) du français populaire canadien (dont la phonétique est assez éloignée de celle du français canadien des classes cultivées et dont le lexique est fortement anglicisé), soit pour les stigmatiser soit pour en faire un symbole d'identité. ⇒ Franco-canadien, québécois. || « Le mot joual est une espèce de description ramassée de ce que c'est que le parler joual » (J.-P. Desbiens). || « Exit le joual. Ce qui se fait aujourd'hui au Québec, c'est le québécois » (l'Express, 13 déc. 1980).♦ Adj. (parfois invar. en genre). || « La langue jouale » (J.-P. Desbiens). || « La grammaire joual » (Réjean Ducharme). — Par appos. || « C'est Louis Caron, l'être joual supérieur » (Réjean Ducharme).❖DÉR. Joualiser.HOM. Joualle.
Encyclopédie Universelle. 2012.